Un beau matin de juillet, le réveil
A sonné dès le lever du soleil
Et j´ai dit à ma poupée "Faut te s´couer
C´est aujourd´hui qu´ça s'passe"
On arrive sur le boulevard sans retard
Pour voir l'expo Dubout/Bouvard/Dard...
Ne cherchez pas, je n'ai aucune honte de cette entrée en matière, d'ailleurs je ne connais pas ce sentiment de honte, sinon comment toi, qui me lis un œil mis clos, la bave aux lèvres et ta main gauche sur le bout de tissus douteux qui te sert de slip tu pourrais être mon ami ?
Bref, je disais que le samedi 26 juillet de l'an de grasse(1) 2014, par une chouette journée ensoleillée, je répondais à l'invitation de François VENDÉVERGES, amis de San-Antonio, des trains et des motards vêtus de de cuir pour le vernissage d'une exposition de 140 dessins (mais pas que) d'Albert Dubout. Sujet de l'expo : Philippe BOUVARD, Frédéric DARD, et Albert DUBOUT, créchant à même pas une heure, je me devais d'être là !
Puis surtout cela me donnait sujet à un article et à faire les poussières ici.
Touques c'est un chouette village normand situé dans les hauteurs de Deauville, juste au-dessus de l'hippodrome du même blase, la Touques étant une rivière. Et surtout chose bizarre et sympathique, la salle d'exposition est une église, bon ok, on sert plus la messe là-bas, mais j'peux te dire que si M'sieur le curé avait oublié son étole dans la sacristie avant de déménager et que c'est samedi dernier qu'il est revenu la chercher...
Si toi qui me lis tu es enfant de chœur dans l'coin, cours, j'ai vu un mec en robe noir et col blanc feuilleter l'oeuvre secrète s'activant la pogne sous la soutane, à moins que ce ne soit François VENDÉSERGES...
Donc un lieu qui prête fort bien à une exposition de dessins, simplement parce que la lumière qui filtre à travers les vitraux vient illuminer les œuvres d'Albert Dubout, c'est magnifique, j'ai bien aimé.
En plus des illustrations, il y avait aussi quelques livres, affiches et produits dérivés à la vente.
Un écran aussi, afin de faire diffuser des témoignages.
C'est la troisième fois que je vais voir Dubout exposé, la première ce fut à l'AG de la Grande Motte, la seconde l'an dernier à Montpellier. Ce qu'il y a de bien c'est que les œuvres tournent, cela permet d'en découvrir d'autres, mais aussi, d’approfondir sa connaissance sur celle que l'on a déjà admiré.
Car Dubout m'sieurs, Dames, c'était pas un artiste bidon...
Moi qui m'tripote le pinceau de temps à autres, m’affûte la mine de plomb, je peux vous dire qu'un type qui fait le dessin comme la photo ci-dessous, sans crayonné de départ, directement à la plume, oui, la plume et non pas au pigment liner comme nous disposons maintenant, avec moult détails, et sans droit à l'erreur, il en reste pas des masses.
Peut être Cabu que j'ai croisé il y a peu, et qui travaille directement au marqueur, sans crobart de départ.
Tout absorbé à ma contemplation, je n'avais pas entendu s'approcher François VANDELHERBE accompagné de Didier DUBOUT, petit-fils de l'artiste.
Nous nous étions déjà croisé lors de l'AG, mais nous n'avions pas pris le temps de vraiment causer.
Sortant ma carte de presse, imprimée papier triple épaisseur et gracieusement offerte par notre vénérien(2) Président Daniel, je me pressait de sortir le stylo et le bloc dont je vais essayer de relire mes notes...
Je vous passe l'entrée en matière où l'on a dit des saloperies sur pas mal d'entre-vous. Mais bon, y en a qui méritent!
Sébastien MOUSSE : Une grande partie de l'exposition se sont des illustrations pour des San-Antonio, ton grand-père et Frédéric étaient très liés. Toi tu as eu la chance de croiser Frédéric Dard ?
Didier DUBOUT : Je n'ai jamais rencontré Frédéric Dard, si mes souvenirs sont bons, il est parti en Suisse en 1968, j'avais à l'époque 14 ans. Des gens comme Frédéric Dard, Francis Blanche, Pierre Dac, Marcel Pagnol, Joséphine Baker et bien d'autres, je ne l'ai jamais malheureusement rencontrés.
SM : Frédéric Dard et ton grand-père, ils étaient proche l'un de l'autre ?
DD : Il y avait une véritable connivence entre eux, une amitié sincère, mais aussi deux artiste qui s'admiraient mutuellement. Frédéric Dard doit être le seul à être rentré dans la salle des coffres, je t'explique, à l'époque mon grand-père était ami avec le directeur de la BNP place Vendôme, c'était la seule banque qui possédait des coffres pouvant contenir des toiles de grandes tailles. Frédéric voulait acheter un tableau, mais mon grand-père ne voulait pas vendre aux copains, il trouvait toujours une excuse, et pas toujours des meilleures, du genre "
Non, celui-là, je ne peux pas te le vendre, il n'est pas signé". Un jour Frédéric Dard s'est offert une tableau de Marie Laurencin, il est allé voir mon grand-père et lui a déclaré :
"Je ne t'achète plus ton tableau Albert, j'en ai acheté un autre". Même si c'était dit sur le ton de la plaisanterie, mon grand-père fut quand même très vexé. Mais tu sais, pour que mon grand-père déménage afin de demeurer près de Frédéric Dard, c'est vraiment qu'il y avait une grande complicité entre eux.
SM : Albert Dubout a travaillé pour les plus grands, as-tu connaissance d'anecdotes, de prises de bec. Je sais que parfois l'illustrateur, l'auteur et l'éditeur ne sont pas sur la même longueur d'ondes pour l'image de couverture par exemple.
DD : Je me souviens que lorsqu'il a fait l'affiche du
Château de ma mère, mon grand-père à coloré en rose la robe de la mère de Marcel Pagnol. Pagnol vient le voir, et lui dire qu'il n'aime pas, que sa mère n'a jamais porté de robe rose, mon grand-père, lui, reste sur cette couleur, et au bout d'un moment le ton monte entre les deux, et là mon grand-père lui lâche :
"Si tu veux je la fous à poils..."
Et bien la robe est restée rose, Pagnol a cédé.
SM : On connaît Dubout surtout par son oeuvre, on connaît peu le personnage, l'artiste, l'homme...
DD : Oui, c'est normal, mon grand-père était tout en contraste, il refusait tous les honneurs, il travaillait pour la postérité. Tiens par exemple, Bernard Pivot voulait lui faire faire
Apostrophe, comme il le connaissait, savait qu'il n'aimait pas du tout ce genre d’exercice, il lui a même proposé qu'il soit seul en plateau, il a toujours refusé, tout comme pour
Radioscopie de Jacques Chancel, alors que tout le monde se pressait pour être invité dans ces émissions. Le président Auriol voulait lui remettre la légion d'honneur, il a refusé, mais là, il a finit par y aller parce que c'était le président de la république qui lui remettait en personne et que l'on ne peu pas refuser.
Il adorait son travail d'artiste, que ces dessins soit présentés, mais pas lui, lui restait en retrait. Il avait déclaré un jour :
" On m'a classé dans les rigolos mais, après ma mort, on verra que je faisais du sérieux. Je suis destiné à être posthume".
SM : Pourtant il était déjà un artiste reconnu de son vivant, il avait les honneurs du cinéma et de la littérature, un des illustrateurs les plus demandés de son temps.
DD : Oui, et même pour te dire, il fut avec Pablo Picasso, le seul peintre à entrer de son vivant dans le Larousse en 1951, sa seule réflexion quand il l'a su fut :
"Quand tu penses que je suis plus jeune que lui..."
SM : Dubout et Dard ok, je sais pourquoi, mais moi qui suis anal pas bête(3), tu peux m'expliquer ce que vient faire Bouvard ici ?
DD : En 1965, alors que Philippe Bouvard débutait, qu'il n'avait l'aura médiatique qu'il a acquis ensuite, il parodie la grande bourgeoisie dans un livre,
Madame n'est pas servie, et il a demandé à mon grand-père s'il acceptait de l'illustrer, ce qu'il fit avec plaisir. Philippe Bouvard lui en a toujours été reconnaissant.
SM : En feuilletant certaines pièces ici, je me suis en un rendu compte que Dubout avait inventé avant l'heure le glory Hole(4), mais surtout on peut remarquer très souvent, des objet, pipes, panneaux, outils, armes cassés et maintenus par du fils, une corde, pourquoi ce détail si souvent répété ?
DD : Mon grand -père avait une véritable passion pour le bricolage, tous les matins il bricolait, c'était une partie de sa vie, et tout ces trucs cassés dans ses dessins, c'est un clin d’œil à sa grande passion.
SM : Je ne sais pas le nombre exact de dessins, toiles, ouvre réalisé par ton grand-père, mais vu le succès encore présent aujourd'hui, il aurait sûrement pu monnayer beaucoup plus et être riche, non ?
DD : 8170 de répertoriées Séb...Et oui, il aurait certainement pu faire fortune, mais il n'était pas du tout vénal, tant qu'il avait de quoi vivre correctement, il était heureux.
SM : Didier merci de ta gentillesse.
DD : De rien, tu restes pour les discours d'inaugurations et boire un verre ?
SM : Ah ben si y a à boire...
J'ai donc attendu, mais bon, même si il n'y avait pas eu de coup à boire, je serait resté, juste pour entendre la voix mélodieuse de François VENDÉBERGES. Mais ce n'est pas lui qui a causé en premier, c'est Madame Colette NOUVEL-ROUSSELOT, maire de Touques, qui a dit comme elle était heureuse d'accueillir une fois de plus une exposition de Dubout.
Parfois t'as des politiques qui viennent inaugurer, parce que faut bien, mais là, tu sens que l’édile aime l'oeuvre et le personnage, qu'il y a un attachement à la famille DUBOUT, que c'est une fierté pour la ville de Touques.
Puis Didier a parlé de son grand-père, y a pas à dire, il l'aime son aïeul, il est fan, je vais pas répéter ici tout ce qu'il nous a dit de formidable que tu ne sait pas, t'avais qu'à bouger ton cul et venir, puis tu as eu les questions posées par ton serviteur, c'est encore mieux!
Puis vint le temps (suspends ton viol je te cause), du discours de notre ami François VENDURAIDE, et là le gars il a préparé le terrain, vingt Diou le v'là qui sort les feuilles de notes comme si il était introduit à l'académie française, on est pas près de prendre l'apéro moi j'vous l'dis.
Puis non ça glisse tout seul, je parle du discours, vicelard, et sérieusement, on sent que le mec est passionné, qu'il a en lui l'amour de San Antonio, de Dard et aussi de Dubout, il en a fait des recherches, des citations, des anecdotes.
Tiens renifles c'est d'la vraie, voilà l'intro de son discours :
Je déclare ici, la main sur le coeur, que je dois ma carrière aux Pieds Nickelés et à Dubout, ils m'ont tout appris de mon métier. Ainsi s'exprimait Frédéric Dard en novembre 1977 dans le catalogue de l'exposition "
Dubout : dessins des années 30-Peintures inconnues"
L'ami François VENDÉVIERGES va nous parler des début, leur collaboration artistique débutant en 1964. Il faut savoir que plus le temps passait, plus le nombre de dessins de Dubout dans hors séries augmentait, de 8 pour le premier pour finir à 33, mais avec 3 doubles pages. Les points communes entre les deux hommes autre que l'amitié, mais par exemples les thèmes récurrents de leurs œuvres respectives : le sexe, la nourriture, la mort et la culture.
Là, le gars va se lancer dans des parallèles, pas des bars situés l'un en face de l'autre, non, des parallèles dans les créations, du genre que la nourriture représente une analyse de la condition humaine, dans
Dîners chez la comtesse en temps de crise, Dubout représente une nourriture abondante, dans
la Saisie, les pauvres ont une nourriture imaginaire, et chez Dard, Béru s'empiffre comme un goret, alors que notre San-A, lui est fin gourmet...
Bref, ce ne fut pas un discours inaugural que nous a fait François VANDÉCIERGES(5), mais un véritable hommage venant du cœur à ces deux illustres artistes, merci l'ami.
Dernière minute, et crédit photo de François VANDASPERGE(ben ouais, c'est flou...) avec notre bon Patrice(6) en visiteur de l'exposition samedi 2 août
(1) Hommage aux rombières dessiné par le grand Dubout
(2) Ou peut être vénérable, va savoir...
(3) Correcteur mon ami, même si il est aussi foireux qu'un pet d'Béru, c'est un calembour et non une faute, merci.
(4) pour Dubout c'est ça :
, si tu veux savoir ce que c'est à l'heure actuelle, connecte-toi à ton site favori, tu sais celui que tu vires de ton historique avant de refiler l'ordi à ta dulcinée...
(5)
François VANDENBERGHE, membre illustre de l'association des Amis de San-Antonio, et célébré inventeur du slogan de la SNCF (où qui bosse, si si, y en a)
Faites vous prendre par l'arrière-train ! Merci à lui pour sa gentillesse et la bière, ce fut un plaisir de passer ses quelques heures ensemble.
(6) Mon petit doigt, celui que tu aimes tant coquine, me dit que bientôt, il y aura un scoop autour de Patrice...